9, bd Victor Étienne
22600 LOUDÉAC

02 96 66 03 40
Ville de Loudéac

Du vendredi 13 juin au vendredi 18 juillet

CYCLE DAVID LYNCH – 5 FILMS

Présentation de l'événement

Pour compléter le cycle David Lynch programmé en décembre 2023, nous rendons à nouveau hommage à cet immense cinéaste  disparu en janvier dernier avec 5 autres de ses films

La Restauration 4K a été supervisée par David Lynch

 vendredi 13 06 à 21h : ERASERHEAD  – INTER – 16 ans -États-Unis • 1977 • 1h29 Avec : John Nance Charlotte Stewart Allen Joseph Jeanne Bates

Un homme est abandonné par son amie qui lui laisse la charge d’un enfant prématuré, fruit de leur union. Il s’enfonce dans un univers fantasmatique pour fuir cette cruelle réalité.

Noir et blanc radioactif : dans des friches industrielles désertées, dont on ne sait si elles sont post-apocalyptiques ou se situent sur une autre planète, un homme est seul face à l’horreur de l’organicité. Dans le taudis qu’il habite, il doit prendre soin de son nourrisson, que sa fiancée lui a laissé sur les bras. L’enfant est un avorton qui s’apparente à un lapin écorché et ne cesse de geindre. Alors l’homme rêve. Il fantasme, dans l’immédiat, sur sa voisine, puis imagine un cabaret à l’intérieur de son radiateur. Premier fi lm distribué de Lynch, Eraserhead a durablement identifié le cinéaste à un art brut, tout entier dévoué à déterrer la part la plus pénible de la vie corporelle. C’est certes l’une de ses questions, mais non la seule, ainsi que la suite le montrera.

Vendredi 27 juin à 21h : ELEPHANT MAN – États-Unis / Royaume-Uni 1980 • 2h05 Film tiré de la vie de John Merrick. Avec Anthony Hopkins John Hurt Anne Bancroft

Le chirurgien Frederick Treeves libère John Merrick, un homme-éléphant, de la foire où il est exhibé. Découvrant que Merrick n’est pas un attardé, il le soigne et décide de l’instruire.

Premier film de Lynch produit dans une économie traditionnelle, Elephant Man est le biopic de John Merrick, phénomènede foire anglais atteint de spectaculairesdifformités, devenu l’objet d’étude, mais  aussi d’attentions, d’un médecin, sous l’ère victorienne. À nouveau un corps hors normes, à nouveau du noir et blanc, mais cette fois-ci lustré : c’est, avec Une histoire vraie, le récit le plus « classique », linéaire, de Lynch. Et c’est aussi l’histoire d’une conversion : comme Merrick, l’artiste expérimente là les contraintes et le confort, tout à la fois, du cinéma. Le fi lm est très émouvant, sans doute pour cette raison, mais aussi parce que, à l’heure de multiples productions d’épouvante (dont Alien, dans lequel joue John Hurt, l’interprète de Merrick), Lynch invente un fi lm où « le monstre a peur », ainsi que le remarque le critique Serge Daney.

Vendredi 4 juillet à 21H : BLUE VELVET – États-Unis • 1986 • 2h00 Avec Isabella Rossellini Kyle MacLachlan Laura Dern Dennis Hopper

Tintin au pays des pulsions : le diaphane Kyle McLachlan, que Lynch a dirigé auparavant dans Dune, incarne un jeune homme revenant dans la petite ville de son enfance. À la faveur d’une oreille coupée, découverte dans un terrain vague, la bourgade paisible révèle une infernale et nocturne dimension parallèle. Lynch exacerbe encore l’inquiétante étrangeté de la biologie : au début du fi lm, une plongée sous le beau gazon d’un jardin révèle un grouillement de vermines. Mais il y adjoint l’horreur de clichés devenus grimaçants : ceux de l’American Way of Life (ces Happy Days qu’il vécut enfant), ceux aussi du cinéma de genre, en l’espèce du fi lm noir, qui devient un bal de zombies et de vampires encerclant une femme-objet, incarnée par Isabella Rossellini, la compagne de Lynch alors. Jeffrey trouve un jour une oreille humaine. Il alerte la police et mène l’enquête avec Sandy, la fille d’un inspecteur. Tous deux plongent dans un univers étrange, peuplé de personnages singuliers.

Vendredi 11 juillet à 20h30 MULHOLLAND DRIVE – France-États-Unis • 2000 2h26 • Avec Justin Theroux Naomi Watts Laura Elena Harring

À Hollywood, Rita, une jeune femme, devient amnésique suite à un accident de voiture sur la route de Mulholland Drive. Elle fait la rencontre de ?Betty Elms, une actrice en devenir qui vient de débarquer à Los Angeles.

La dureté de Los Angeles concerne cette fois-ci, très directement, Hollywood et son glamour supposé. Pour la première fois, Lynch affronte l’industrie des studios avec laquelle il a cohabité, mais aussi la cinéphilie qui l’a capté. C’est, cette fois-ci, une affaire de femmes, qui mésestiment sans doute le mal qu’elles se font, et que le spectacle leur fait : d’abord une idylle entre une petite Bovary canadienne qui rêve d’être actrice, et une amnésique qui ressemble à Rita Hayworth, et se choisit en conséquence son nom d’emprunt ; ensuite une guerre entre une femme qui a réussi à Hollywood, et l’autre qui reste cantonnée aux seconds rôles. Il y a plus d’un cadavre dans le placard.

Vendredi 18 juillet à 20h15 : INLAND EMPIRE /États-Unis, France, Pologne • 2006 • 2h52 Avec Laura Dern Jeremy Irons Justin Theroux Harry Dean Stanton Julia Ormond

Inland Empire, un quartier de Los Angeles proche du désert californien. L’actrice Nikki Grace s’apprête à tourner le remake de «47», un fi lm qui n’a jamais pu être achevé à cause d’une malédiction…

Hollywood encore, une actrice encore, des confusions d’identité encore, mais Lynch change complètement la donne en filmant avec un numérique rugueux, sinon rupestre ou livide. Laura Dern, qu’il a dirigée autrefois dans Sailor et Lula, incarne une comédienne dont l’existence est parasitée par son personnage du moment, mais aussi par une spectatrice d’Europe de l’Est – le fi lm est en partie tourné à Lodz, en Pologne, où Lynch sans doute reconnaît les friches du Philadelphie de sa jeunesse. Sa complicité avec Laura Dern permet un travail fou sur la défi guration : celle de l’actrice grimaçante, celle aussi de la basse définition de l’image.